FAUST : DÉCOR ET VOLUPTÉ

« Pont Alexandre III, rive gauche ».

Voilà l’adresse. On dirait celle d’une société secrète ou d’un rade clandestin pas très bien fréquenté.

On est sous le pont Alexandre III, dans ce qui fut l’entrepôt de la Garde Royale. A travers les arcades on aperçoit les lumières des bateaux-mouche qui s’amusent à éclairer le restaurant façon stroboscope.

La décoration est diablement parisienne : ça sent le classieux, le Grand Boulevard, Eiffel, le zinc lustré, le bistrot, le titi parisien qui aime s’encanailler.

Mais contrairement aux bateaux-mouche où l’on ne jouit que de la situation et du décor, ici, au Faust, on y mange très bien.

J’ai eu la chance de dîner dans la salle à manger privée, à « la table du chef », où l’on aperçoit la brigade s’affairer grâce à une vitre placée au milieu de la vinothèque. Derrière les flacons immobiles se joue un spectacle gourmand. Le contraste est joli.

Aux fourneaux de cet endroit au ras des flots, Christophe Langrée, qui a connu les étoiles et régalé les ministres avant de poser sa barque sous le pont.

Après un cromesquis ferme (son coeur doit normalement couler) mais néanmoins très bon, dégusté en amuse-bouche, on découvre une raviole à l’anguille fumée et son émulsion au foie gras. Le mélange terre mer est subtil et la raviole sait se faire oublier.

Un sommelier qui connaît sa cave sur le bout des doigts vient nous proposer quelques accords mets-vins. Le Faugères saura par exemple imposer sa patte face à l’agneau presque confit et ses 1000 épices. Très agréable le crust qui texturise le tout.

Surprenant intitulé du dessert : « tiramisu façon saint-honoré » mais superbement exécuté, notamment ces petits choux et leurs craquelins chocolatés. Un mélange des genres et un côté inédit qui font écho au lieu et au décor.